Rouge Tabou

Alors, la valence différentielle des sexes, qu’est-ce que c’est?

F. Héritier, Hommes, femmes: la construction de la différence.

«Les humains des origines n’avaient pas le savoir que nous avons, c’est un truisme. Au contraire, ce sont eux qui ont fondé les bases du savoir qui s’est augmenté jusqu’à notre savoir actuel. Eux interprétaient ce qui leur était donné à voir. Et ils étaient confrontés à un certain nombre de faits que j’appelle des « butoirs pour la pensée », parce que ces faits sont indépassables. On ne peut pas les contourner, on doit faire avec leur totalité et il convient de les coordonner pour donner du sens à la vie. Parmi ces données, certaines se sont un peu modifiées, mais il n’empêche que pour l’essentiel elles sont toujours là. Quels sont ces grands butoirs pour la pensée?

Le tout premier, c’est la néoténie de notre espèce, le fait que nous sommes, de toutes les espèces animales, celle dont les petits mettent le plus longtemps à être indépendants. Cette néoténie a comme conséquence quelque chose d’extrêmement important qui est totalement passé inaperçu dans les littératures scientifiques: il n’y a pas un individu au monde, à l’exception peut-être des enfants-loups (s’il en existe !), qui n’ait fait l’expérience sur le long cours de l’autorité, de la tutelle et de la domination des aînés. L’enfant ne dépend pas seulement affectivement des adultes, il est aussi sous leur autorité, soumis à eux. C’est grâce à la notion de ce que j’appelle la « valence différentielle des générations » que ceux qui sont nés avant vous vous sont supérieurs. Les aînés sont aux cadets comme les parents sont aux enfants : des personnes supérieures parce qu’elles sont nées avant.

Le deuxième butoir: il n’y a que deux sexes apparents visibles. Il y a certes des cas d’androgynie… il n’empêche que ce sont des exceptions. Dans le monde animal aussi, les humains observent que partout, malgré la différence des espèces, il y a toujours cette constante. C’est ce que nos ancêtres voyaient et avec quoi ils devaient construire leur système de pensée. Ils voyaient aussi que partout, dans les espèces animales et dans l’espèce humaine, il y a une impossibilité physique pour les mâles d’accoucher. Mais les femelles, en revanche, font les enfants des deux sexes. Cela va être, je pense, la grande question qui est posée par cette humanité, telle qu’on en trouve la preuve dans les mythologies: comment se fait-il qu’elles aient cette capacité de faire des mâles, alors qu’elles devraient se contenter de reproduire des corps semblables à elles-mêmes? D’où l’importance d’une quatrième observation: s’il n’y a pas de coït il n’y a pas d’enfant. Or, dans le coït, il y a un transfert de substance d’un corps à un autre. Le résultat de cette observation a été la création, dans les temps archaïques, d’un modèle de pensée selon lequel les hommes mettaient les enfants dans le corps des femmes, que le corps des femmes étaient mis à leur disposition par les dieux, par les ancêtres ou par les génies, pour qu’eux justement puissent se reproduire à moindres frais, sans souffrance et sans problème; et donc qu’il fallait qu’ils s’approprient des corps de femmes.

Il y a d’autres butoirs pour la pensée qui vont intervenir dans la construction des systèmes cosmologiques globaux; notamment, que le sang est le support de la vie et de la chaleur et du mouvement, ce que ces peuples de chasseurs savent lorsqu’ils tuent les animaux. Les femmes perdant leur sang, elles sont donc considérées de nature plus froide que les hommes qui vont être considérés du côté de la chaleur. Là on entre déjà dans un système de pensée très construit…. 

Les mutilations sexuelles féminines

Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes. Elles sont le reflet d’une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes. Elles sont presque toujours pratiquées sur des mineures et constituent une violation des droits de l’enfant. Ces pratiques violent également les droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu’elles ont des conséquences mortelles.
Les mutilations sexuelles sont pour la plupart pratiquées sur des jeunes filles, entre l’enfance et l’adolescence, et à l’occasion, sur des femmes adultes. Plus de 3 millions de jeunes filles par an sont menacées par ces pratiques.
Plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes qui sont en vie aujourd’hui, ont été victimes de ces pratiques, selon les informations émanant de trente pays où de telles données de population existent.
Cette pratique est la plus commune dans l’ouest, l’est et le nord-est de l’Afrique, dans certains pays d’Asie et au Moyen-Orient, ainsi que chez les migrants originaires de ces régions. C’est donc un problème mondial.
Les causes des mutilations génitales féminines englobent un ensemble de facteurs culturels, religieux et sociaux au sein des familles et des communautés.

Organisation mondiale de la Santé, 2022

La violence à l'égard des femmes

La violence à l’égard des femmes constitue un problème majeur en matière de santé publique, qui trouve son origine dans l’inégalité entre les sexes. Il s’agit d’une violation caractérisée des droits fondamentaux des femmes, qui affecte la vie et la santé de millions de femmes et de filles (…)

Ces actes de violence sont commis à travers le monde, dans TOUS les pays, et sont considérés comme la violation la plus répandue des droits humains à l’égard des femmes, affectant leurs droits à ne subir aucune discrimination, leurs droits à la vie, à l’intégrité et à la sécurité de la personne, ainsi que leurs droits au meilleur état de santé susceptible d’être atteint, et la liste n’est pas exhaustive.

Organisation mondiale de la Santé, 2020

Les attaques à l’acide

Les attaques à l’acide sont une forme d’agression particulièrement violente qui consiste à jeter du vitriol (acide sulfurique) sur une personne – les victimes sont souvent des femmes ou des filles – dans l’intention de les mutiler, de les torturer ou de les tuer.
Les attaques à l’acide perpétrées envers les femmes et les filles sont destinées à infliger des cicatrices permanentes aux victimes; elles constituent une forme extrême de violence à l’égard des femmes et des filles.
Ces attaques sont commises du fait de l’importance accordée à l’apparence physique des femmes et des jeunes filles.
Partout à travers le monde, les femmes vivent dans la crainte de subir des agressions à l’acide. Au niveau mondial, on dénombre environ 1 500 attaques à l’acide par an, mais il s’agit d’un crime qui n’est généralement pas dénoncé, par crainte de représailles.
C’est dans les pays d’Asie du Sud – dont l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh – que la situation est la plus préoccupante car l’acide y reste bon marché et en vente libre.
La plupart des personnes ayant survécu à une attaque à l’acide sont des femmes et des filles. Les attaques contre les femmes et les filles sont le plus souvent des représailles pour avoir refusé de se marier ou d’accéder à des avances sexuelles faites par des hommes et des garçons.
Il s’agit d’une expression de contrôle sur le corps des femmes et des filles.

ActionAid

Le mariage d’enfants

Le mariage d’enfants désigne tout mariage officiel ou toute union non officialisée entre un enfant de moins de 18 ans et un adulte ou un autre enfant.
Plus de 650 millions de femmes et de filles en vie aujourd’hui ont été mariées ou ont vécu en union informelle avant leurs 18 ans.
Conséquence d’inégalités entre les sexes profondément ancrées, le mariage d’enfants touche les filles de manière disproportionnée.
Le mariage d’enfants prive les filles de leur enfance et constitue une menace pour leur vie et leur santé. Les filles qui se marient avant l’âge de 18 ans sont plus exposées à la violence domestique et moins susceptibles de poursuivre leur scolarité. Leur situation économique et sanitaire est plus grave que celle de leurs pairs célibataires, ce qui se répercute sur leurs propres enfants et met à rude épreuve la capacité d’un pays à fournir des services de santé et éducatifs de qualité.
>Le mariage des enfants est presque universellement interdit
Deux des accords sur les droits humains les plus largement reconnus dans le monde, la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE) et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (en anglais Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women, CEDAW), interdisent les mariages d’enfants. Ces traités ont été signés ou ratifiés par tous les pays, excepté un.
Pourtant, partout dans le monde, les lois nationales ou locales permettent des interprétations différentes de ce principe convenu.
De nombreux pays autorisent le mariage des enfants si les parents y consentent ou en vertu du droit religieux ou coutumier, par exemple. Dans le monde entier, de nombreux mariages ne sont pas légalement enregistrés. Même là où le mariage d’enfants est illégal, l’application de la loi est peu rigoureuse.

UNICEF et Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)
Le mariage d’enfants et la grossesse chez les adolescentes sont étroitement (et dangereusement) liés
Le mariage d’enfants est souvent précurseur de grossesse précoces. Dans les pays en développement, 90 pour cent des adolescentes qui accouchent sont déjà mariées. Ces grossesses prématurées mettent sérieusement en danger la santé des filles dont le corps n’est pas suffisamment développé pour la maternité. À l’échelle mondiale, les complications liées aux grossesses et aux accouchements constituent la première cause de décès chez les adolescentes.
Par ailleurs, une grossesse précoce est également un facteur encourageant le mariage. Il arrive que les filles soient contraintes de se marier avec le père de leur bébé, et ce, même si elles ont été violées, pour éviter que leur famille ne subisse l’ostracisme associé à la grossesse hors mariage.

Le mariage d’enfants est souvent précurseur de grossesse précoce.
Dans les pays en développement, 90 pour cent des adolescentes qui accouchent sont déjà mariées. Ces grossesses prématurées mettent sérieusement en danger la santé des filles dont le corps n’est pas suffisamment développé pour la maternité. À l’échelle mondiale, les complications liées aux grossesses et aux accouchements constituent la première cause de décès chez les adolescentes.
L’émancipation des jeunes filles est essentielle à l’éradication du mariage d’enfants
Pour venir à bout du mariage d’enfants, de nombreux changements sont nécessaires, notamment le renforcement et l’application des lois visant à lutter contre cette pratique. Il est également indispensable de réduire le fossé des inégalités hommes-femmes.

Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)

Collecte de l’eau

Les femmes et les filles assument la responsabilité de collecter l’eau dans huit ménages sur dix qui se trouvent sans services d’eau, ce qui signifie que si le nombre de personnes ayant accès aux services d’eau augmente, alors les impacts sexospécifiques seront significatifs.
Dans de nombreux pays, la présence ou l’absence d’un approvisionnement en eau salubre et en quantité suffisante et d’installations sanitaires adéquates ont des incidences disproportionnées sur la vie des femmes et des filles et ce, pour trois principales raisons. D’abord, ce sont généralement les femmes et les filles qui assument la responsabilité de la collecte de l’eau, qui se révèle souvent être très chronophage et pénible. Deuxièmement, les femmes et les filles sont également exposées à un risque accru d’agressions et de violences lorsqu’elles se rendent à pied aux toilettes ou à un site de défécation en plein air ou lorsqu’elles en font usage. Et troisièmement, les femmes ont des besoins spécifiques en matière d’hygiène pendant les menstruations, la grossesse et l’éducation des enfants.

OMS et UNICEF, 2017

«Poisson contre prestations sexuelles»

Le fait que les femmes n’aient qu’un accès limité aux ressources de la pêche peut également accroître leur vulnérabilité en termes de santé. Certaines études menées en Afrique subsaharienne font état d’une augmentation de l’incidence du VIH/sida pour diverses raisons, notamment à cause des échanges «poisson contre prestations sexuelles». Les acheteuses locales qui proposent des rapports sexuels aux pêcheurs pour qu’ils leur fassent la «faveur» de leur vendre du poisson.

Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

Menstruations

Chaque mois, 1,8 milliard de personnes dans le monde ont leurs règles. Des millions d’entre elles, femmes, hommes transgenres et personnes non binaires ne sont pas en mesure de prendre en charge leur cycle menstruel de manière digne et saine.
Le début des menstruations annonce une nouvelle phase – et de nouvelles vulnérabilités – dans la vie des adolescent.e.s. De nombreuses adolescentes sont confrontées à la stigmatisation, au harcèlement et à l’exclusion sociale au cours de leurs menstruations. Les hommes transgenres et les personnes non binaires sont également victimes de discrimination en raison de leur identité de genre, ce qui les prive d’accès au matériel et aux installations dont ils ont besoin.
L’inégalité entre les sexes, les normes sociales discriminatoires, les tabous culturels, la pauvreté et un accès limité aux toilettes et aux installations sanitaires sont autant de facteurs qui peuvent les empêcher de répondre à leurs besoins en matière de santé et d’hygiène menstruelle.
Cette situation est lourde de conséquences pour des millions de personnes. Elle restreint leur mobilité et leurs choix personnels. Elle affecte la fréquentation scolaire et la participation à la vie de la communauté. En outre, elle compromet leur sécurité, provoquant un stress et une anxiété supplémentaires. Ces problèmes sont particulièrement prononcés en cas de crise humanitaire.

Organisation mondiale de la santé, OMS

Hygiène menstruelle

Pour certain·e·s, les règles ne sont qu’un désagrément mineur auquel il n’est pas nécessaire de trop penser. Pour des millions d’autres personnes pourtant, ce cycle tout à fait naturel peut être synonyme de violences. En effet, le début des menstruations peut être pris comme le signe qu’une fille est prête à être mariée et à porter des enfants, et ce, même si elle est elle-même encore une enfant. C’est aussi le début d’une stigmatisation (sous la forme d’un bannissement dans des huttes de menstruation ou de l’interdiction de partager ses repas). Les cycles menstruels sont aussi synonymes d’opportunités manquées (car la douleur, l’inconfort ou l’absence de produits d’hygiène peut conduire à la déscolarisation) et de perte de dignité, par exemple dans les situations de crise humanitaire et les camps de réfugié·e·s, où même l’eau et le savon sont rationnés ou font défaut.

FNUP

L’égalité des genres dans le domaine de l’éducation

L’égalité des genres dans le domaine de l’éducation profite à tous les enfants
Les investissements réalisés dans l’éducation des filles transforment les communautés, les pays et le monde entier. Lorsque les filles ont accès à une éducation, elles risquent moins de se marier jeunes et ont davantage de chances de mener une vie saine et productive.
Elles gagnent mieux leur vie, participent aux décisions qui les concernent le plus et bâtissent un meilleur avenir pour elles-mêmes et leurs familles.
En effet, l’éducation des filles renforce les économies et réduit les inégalités. Elle contribue à rendre les sociétés plus stables et résilientes, ce qui permet à tous les individus, y compris les garçons et les hommes, de réaliser leur potentiel.
Mais l’éducation pour les filles ne se limite pas à l’accès à l’école. Il faut aussi que les filles se sentent en sécurité dans les salles de classe et qu’elles soient accompagnées dans les matières et les carrières qu’elles choisissent de suivre, y compris celles dans lesquelles elles sont souvent sous-représentées.

UNICEF

Les avortements sélectifs en raison du sexe ou la pratique qui consiste à tuer les bébés filles.

Dans de nombreux pays, il existe une préférence culturelle profondément ancrée pour les enfants de sexe masculin.
Les dots onéreuses, les lois discriminatoires relatives à la propriété et à la famille, et l’idée que les enfants de sexe féminin ne constituent pas un bon «investissement» incite souvent les familles à préférer la naissance d’un enfant masculin.
Il en résulte que, dans de nombreux pays, certaines pratiques préjudiciables permettent de garantir la naissance d’enfants de sexe masculin et/ou entraînent la négligence ou le meurtre des enfants de sexe féminin. Cette inégalité entre le genres et l’inégalité entre les sexes et le statut inférieur des femmes entraînent des avortements sélectifs et le meurtre des bébés de sexe féminin après leur naissance. La technologie moderne a exacerbé l’avortement sélectif en fonction de sexe du bébé.
Dans les pays où une préférence est accordée aux fils, l’infanticide féminin et les avortements sélectifs en fonction du sexe sont courants et le rapport hommes-femmes au sein de la population s’en trouve considérablement déséquilibré. Les spécialistes établissent un lien entre ce déséquilibre et l’augmentation d’autres formes de violence sexiste, comme le viol et le mariage forcé.

ONU Femmes

La santé des mères

La santé maternelle se réfère à la santé des femmes pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale. Chacune de ces étapes devrait être une expérience positive, permettant aux femmes et à leurs bébés d’atteindre leur plein potentiel de santé et de bien-être.
Bien que des progrès importants aient été accomplis au cours des vingt dernières années, environ 295 000 femmes sont mortes pendant ou après la grossesse ou l’accouchement en 2017. Ce chiffre est bien trop élevé.
Au nombre des causes directes les plus fréquentes de blessures et de mortalité maternelles figurent les saignements excessifs, les infections, l’hypertension artérielle, les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité et la dystocie, ainsi que des causes indirectes telles que l’anémie, le paludisme et les maladies cardiaques.
La plupart des décès maternels sont évitables grâce à une prise en charge rapide par un professionnel de la santé qualifié exerçant dans un environnement favorable. (…)
Chaque grossesse et chaque naissance sont uniques. Il est fondamental de s’attaquer aux inégalités qui nuisent à la santé, en particulier à la santé sexuelle et reproductive, aux droits connexes et au genre, si l’on entend garantir à toutes les femmes un accès à des soins de maternité respectueux et de qualité.

Organisation mondiale de la santé, OMS

Travailleurs du sexe

Les travailleurs du sexe sont toujours victimes de criminalisation, de violence, de discrimination et d’autres formes de violations des droits de l’homme qui augmentent leur risque de contracter le VIH.
Les travailleurs du sexe – adultes féminins, masculins et transsexuels qui ont un rapport sexuel consensuel en échange d’argent ou de biens, régulièrement ou occasionnellement – font partie des franges de la population laissées pour compte dans la lutte contre le SIDA. La prévalence du SIDA chez les travailleuses du sexe est dix fois plus élevée que dans la population générale et les travailleuses du sexe ont plus difficilement accès aux services liés au VIH.

Organisation mondiale de la santé, OMS

Dans le monde, 43% des travailleurs agricoles sont des femmes.

Bien que largement responsables de la nourriture cultivée dans nos fermes et préparée sur nos tables, les femmes n’ont pas accès aux mêmes ressources que les hommes.
Faute d’accès aux terres, à des financements, à des formations, aux intrants et à l’équipement, elles ne sont pas en mesure de produire efficacement, de parvenir à la stabilité financière ou la sécurité alimentaire, ou de faire grandir leur petite entreprise.
Pourquoi est-ce important? Si les agricultrices avaient accès aux mêmes ressources productives que les hommes, 100 à 150 millions de personnes pourraient ne plus connaître la faim, les rendant ainsi plus résilientes face à la crise climatique.
(…)
À l’échelle mondiale, les femmes ne représentent que 15% de tous les propriétaires terriens.
Bien qu’un agriculteur sur deux soit une femme, celles-ci ont bien moins de chances que les hommes de détenir le titre de propriété des terres qu’elles cultivent. En effet, si 164 pays reconnaissent techniquement leur droit de posséder et d’utiliser des terres et de prendre des décisions à cet égard, les normes sociales font que ces droits ne sont effectifs que dans 52 de ces pays.

Fonds international de développement agricole (FIDA), 2022

Les femmes âgées

Les femmes âgées sont généralement plus touchées par la pauvreté que les hommes âgés, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.
Les inégalités de revenus et d’accès à l’éducation, au travail décent et à la santé s’accumulent tout au long de la vie et exposent de nombreuses femmes à la pauvreté sur leurs vieux jours.
Les femmes âgées sont d’autant plus vulnérables à la pauvreté qu’elles n’ont pas ou peu accès aux avantages sociaux,1 et, dans certains cas, elles ne maîtrisent pas leurs ressources financières et sont exclues de tout droit à la propriété et à l’héritage.2
1«Rapport mondial sur la protection sociale 2014/15: bâtir la reprise économique, le développement inclusif et la justice sociale » (World Social Protection Report 2014/15: Building economic recovery, inclusive development and social justice)
Bureau international du travail, Genève: BIT

2 Nations Unies (2015) Les femmes dans le monde 2015, Des chiffres et des idées.

Le viol est une arme qui déshumanise les femmes, une destruction volontaire et planifiée des organes génitaux des femmes

Ce fléau est planétaire et ne relève pas de pulsions sexuelles, mais d’actes prémédités et méthodiques…
Les viols sont organisés, c’est une arme de destruction massive dont le but est d’atteindre la communauté entière. Ils sont le plus souvent commis en public, devant les enfants, le mari, ou sa femme si c’est lui qui est violé. Personne ne peut sortir indemne d’un tel cauchemar. C’est un traumatisme physique et psychique profond pour la victime et pour tout son entourage. Cette violence déconstruit complètement les relations qui permettent à une société de fonctionner. La mère n’est plus la mère, le père ne peut plus trouver sa place et la confiance des enfants violés devant des parents empêchés de les protéger est réduite à néant. Il n’y a plus aucune cohésion sociale ce qui rend la communauté extrêmement vulnérable. À ce traumatisme collectif, s’ajoutent les enfants issus du viol, donc sans filiation, sans référence et souvent discriminés, ce qui constitue une véritable bombe à retardement qui peut exploser à n’importe quel moment.

Le gynécologue congolais Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018

La prévention et la résolution des conflits

La prévention durable des conflits nécessite de s’investir dans les cultures de la paix et de disposer d’institutions formelles et informelles dédiées à la résolution non violente des conflits. La participation des femmes permet de mieux comprendre les causes des conflits et des alternatives possibles. Elle renforce également les réponses aux besoins divers des populations et contribue au maintien durable de la paix.
Lorsqu’un conflit éclate, les négociations formelles ou informelles et le processus de paix qui s’ensuit sont autant d’occasions de redéfinir le paysage politique, sécuritaire et socio-économique d’un pays. La participation des femmes permet à un plus grand nombre d’intervenants de la société de contribuer à la résolution du conflit et favorise ainsi l’acceptation des accords de paix. Elle suscite la conclusion d’accords de paix soutenus par la nation entière plutôt que par une élite.

ONU FEMMES

Les conséquences des conflits affectent gravement la cohésion sociale et la sécurité des communautés.

Les conséquences des conflits sont dévastatrices, y compris pour l’égalité entre hommes et femmes. Les femmes disposent souvent de moins de moyens que les hommes pour se protéger. Avec les enfants, elles constituent généralement la majorité des populations réfugiées ou déplacées. Elles sont la cible récurrente de tactiques guerrières comme la violence sexuelle. Elles sont le plus souvent tenues à l’écart des négociations de paix, bien qu’elles soient à la tête de mouvements pacifiques et à l’origine du relèvement communautaire à l’issue des conflits. Exclues des processus de reconstruction, les femmes ont moins de chances de reprendre une vie normale, d’obtenir justice pour les violations de leurs droits fondamentaux et de contribuer à la réforme des lois et des institutions publiques.
La communauté internationale a reconnu que la participation des femmes était indispensable à l’établissement et au maintien de la paix. Les femmes sont des agents de changement avérés et devraient pouvoir en faire plus encore. En 2000, le Conseil de sécurité des Nations Unies a marqué l’histoire en adoptant la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. Cette résolution préconise de faire participer les femmes à l’établissement de la paix, de mieux les protéger contre les violations de leurs droits fondamentaux et de leur donner accès à la justice et aux services de lutte contre la discrimination.

ONU FEMMES